Madame/Monsieur le/la Président-e,
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs les Rapporteurs,
Mes chers collègues,
Madame/Monsieur la/le Présidente, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs les rapporteurs, Mes chers collègues.
Nous examinons aujourd’hui un budget exceptionnel pour l’Education nationale. Exceptionnel du fait de la crise sans précédent que traverse notre pays et à laquelle sont confrontés, de plein fouet, tous les personnels de l’enseignement, de l’encadrement, de l’entretien.
Ils et elles font toutes et tous partie de la première ligne : que ce soit dans l’enseignement primaire ou secondaire. Ils et elles ont mis en œuvre les conditions d’accueil les plus favorables pour tous les élèves, ils et elles ont organisé les classes, se sont convertis en un temps record à l’enseignement en distanciel, puis ont veillé au respect des gestes barrières lorsque les cours on repris, ont dialogué avec les parents inquiets, sans compter leurs heures ni leurs efforts. Et il nous faut aujourd’hui, collectivement, leur rendre hommage.
Mais, au-delà de notre soutien moral, ce dont le personnel de l’éducation a besoin c’est d’un soutien à la fois financier, matériel, et sans réserve de son administration
C’est ce qui nous réunit aujourd’hui.
Alors il y a des mesures positives dans votre budget, monsieur le Ministre :
Augmentation de 2,6% de l’enveloppe globale, avec 400 millions d’euros alloués à la revalorisation des salaires des enseignants,
2 039 équivalents temps plein supplémentaires dans le primaire,
250 millions d’euros pour l’école inclusive avec 4 000 créations d’équivalent temps plein d’Accompagnantes et accompagnants des Élèves en Situation de Handicap, les AESH. Nous tenons à saluer cet effort sans précédent pour l’école inclusive, nous proposerons toutefois de revaloriser la rémunération de ces AESH.
L’effort global pour l’enseignement scolaire est conséquent et il doit être salué. Mais est-il suffisant ? Nous n’en sommes pas persuadés.
Monsieur le ministre, dans cette crise, écoutons les personnels de l’enseignement et ce qu’ils ont à nous dire.
Écoutons le désarroi des directeurs et directrices d’école, au bout du rouleau, qui n’en peuvent plus de devoir mettre en œuvre, sans préavis, des protocoles sanitaires changeants parfois en 2 jours, parfois contradictoires, toujours mal expliqués.
Écoutons la colère des enseignants du secondaire, qui se sont mobilisés le 10 novembre dernier pour appeler à davantage de moyens pour se protéger et protéger les élèves face au virus, dans les classes bondées des collèges, dans les cantines, dans les couloirs.
Ecoutons ces mêmes enseignants du secondaire, qui verront 1 800 suppressions de postes dans leurs rangs et à qui l’on va demander davantage d’heures supplémentaires alors même qu’ils sont au maximum de leurs capacités – la non-consommation de 12,3 millions d’euros de crédits d’HSA en est un témoignage incontestable.
Ecoutons les AESH, ces femmes – à 93% et âgées de 45 ans en moyenne et qui effectuent un travail indispensable d’accompagnement, dans plusieurs établissements à la fois, et qui ne gagnent, en moyenne, que 760 euros par mois, soit 300 euros de moins que le seuil de pauvreté.
Ce que le corps pédagogique demande est simple et cela se ressent dans chacune de leurs prises de parole : plus de personnel, plus de moyens, plus de salaire, pour faire leur métier dans les meilleures conditions. Epuisés par la crise, les personnels de l’éducation ne supporteront pas de nouvelles suppressions de postes et des horaires extensibles comme cela est proposé dans ce PLF. Écoutons-les, mais surtout agissons, pour eux.
Enfin, je voudrais attirer votre attention, mes chers collègues, sur les discussions et échanges que nous avons eu en commission concernant le rétablissement des valeurs de la République au sein de l’Ecole. Les faits qui ont animé nos débats sont connus de tous : des élèves qui boudent la Marseillaise, qui trouvent des justifications aux assassins de Samuel Paty ou de Charlie Hebdo, des vidéos insoutenables de décapitation qui circulent sous le manteau.
Dans le rapport de la commission éducation, que trouve-t-on comme solution ? Je cite « il est nécessaire que les enseignants soient eux-mêmes formés aux valeurs de la République, qu’ils comprennent ce que sont ces valeurs, ce qu’elles signifient intrinsèquement ».
Mes chers collègues, les enseignants, qui dédient leur carrière et parfois leur vie à l’éducation des générations futures, font plus que savoir ce que signifient les valeurs de la République : ils et elles les incarnent au quotidien.
La République n’est pas une leçon, un programme scolaire qui doit être remanié pour être mieux appris. C’est une dynamique, un processus toujours en cours, toujours vivant. C’est une marche collective vers l’émancipation, qui se construit ensemble, à travers les générations vers un destin commun. Les enseignants et enseignantes ne sont pas les dépositaires d’une vérité absolue que les élèves doivent réciter le doigt sur la couture du pantalon. Ils sont au contraire les animateurs d’un projet commun. Ils ne sont pas que les gardiens d’un ensemble de règles, ils sont aussi ceux qui partagent et mettent en œuvre un idéal collectif.
Et pour y parvenir, il faut que cet élan se remette en marche, que les enseignants se sentent de nouveau au cœur de notre République, que les moyens soient mis à leur disposition, que le soutien de la société se manifeste par des preuves concrètes – et donc, financières. C’est par la mise en pratique concrète des valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité que la République sera partagée et embrassée par toutes et tous.
Pour qu’ainsi, leurs élèves en soient témoins et qu’ils voient eux aussi, que la République sait se montrer aussi généreuse avec celles et ceux qui la font vivre qu’intransigeante envers ceux qui la combattent. Voilà l’idéal que les écologistes appellent de leurs vœux.
Monsieur le ministre, pour conclure, nous attendrons l’issue des débats, et le sort qui sera réservé à nos amendements en séance pour émettre notre avis sur ce texte.
Je vous remercie