Sport au temps du Covid

Le monde d’après.

Depuis plus d’un an, chacun s’y projette ou le rejette.  Un monde plus solidaire, plus local, plus durable, plus libre. Un monde qui revient à l’essentiel. Dans ce monde, le sport – et notamment le sport loisir et le sport santé – doit avoir une place centrale. 

Dès le premier confinement, l’activité physique, même extrêmement contrainte, a souvent été le seul moment de liberté. Beaucoup ont enfilé les baskets pour s’évader, se libérer. Après le premier confinement, le club “vélo et territoires” a constaté une hausse de près de 28% de la pratique du vélo par rapport à 2019. Nous sommes ici sur une tendance lourde, profonde. Besoin de santé, besoin de vivre mieux : selon une étude de l’Université de Glasgow réalisée en 2017 sur un échantillon de plus de 200 000 individus, les individus se rendant au travail à vélo voient leurs risques cardio-vasculaire ou de cancer diminuer de 40 à 50 %.

Bien entendu, cette tendance est difficilement mesurable aujourd’hui pour tous les sports. La pratique sportive en club est en chute libre, pour des raisons faciles à comprendre. Dès septembre, la reprise de licences était extrêmement variable selon les disciplines. Les clubs étaient alors déjà très inquiets. Mais cette soif de sports reviendra.

Notre rôle de parlementaires et le vôtre, madame la Ministre, est d’accompagner ce mouvement. Nous sommes convaincus que c’est un écosystème entier qui doit être préservé et dynamisé. Et sur deux points en particulier : soutenir les milliers de bénévoles qui le font vivre et renforcer l’aspect éducatif.

Concernant le soutien, le Gouvernement a déployé plusieurs mesures importantes. Pour les clubs employeurs par exemple, à celles génériques de chômage partiel, d’allègements de cotisation, viennent s’ajouter des mesures spécifiques pour l’économie sociale et solidaire en général et pour le sport en particulier. Je pense ainsi aux emplois FONJEP supplémentaires où à l’aide annoncée pour la rénovation des équipements sportifs qui vont dans le bon sens.

Mais hélas, madame la Ministre, comme dans beaucoup de domaines, dès que votre gouvernement fait un pas en avant dans la bonne direction, celui-ci est quasiment immédiatement suivi par un recul majeur.

Dans votre projet de loi relatif aux principes de la République que nous allons examiner la semaine prochaine au Sénat, les articles 25 et additionnels imposent un grand nombre de nouvelles contraintes et obligations aux associations sportives, ainsi que plusieurs nouvelles restrictions, notamment dans la mise à disposition des équipements.

Dans un contexte de crise sanitaire où les associations sportives sont presque toutes à l’arrêt, où leurs dirigeants se démènent chaque jour pour la survie de leur structure, et où leur vivacité sera la clé de la sortie de crise, le gouvernement préfère rajouter à toutes leurs difficultés des obligations aberrantes, jetant ainsi une suspicion détestable sur l’ensemble du monde sportif et associatif. 

En ce qui concerne l’éducation, là aussi, beaucoup reste à faire. Je l’ai dit en introduction, l’aspiration à un mieux-être physique recouvre de nombreuses réalités, notamment dans le domaine des déplacements. La pratique du vélo, nous semble ainsi être particulièrement représentative de cette nouvelle réalité. Il suffit de se promener dans les artères des grandes villes ou sur les vélo-routes le week-end pour le constater : jamais autant de vélos n’ont parcouru nos villes et nos campagnes. C’est un moyen de transport et d’activité physique en plein boom qui pourrait – bientôt – devenir le mode de transport urbain le plus utilisé, comme c’est le cas dans plusieurs pays du nord de l’Europe. 

Pour une réelle pratique populaire du vélo, le rôle de l’éducation nationale doit être de préparer les enfants au monde de demain et il est ainsi logique qu’elle se saisisse de ces sujets. C’est à ce titre que la loi d’orientation des mobilités de 2019 prévoit un programme d’apprentissage du vélo pour tous, afin de permettre à chaque enfant de maîtriser, à son entrée dans les établissements du second degré, la pratique autonome et sécurisée du vélo dans l’espace public.

Lors de l’examen du projet de loi de finances, nous avions été plusieurs, de tous les bords politiques, à proposer des amendements pour inscrire dans le budget de l’Etat cette mesure, pourtant votée par le Parlement. Depuis, rien n’a bougé. Madame la ministre, à ce stade, nous ne vous demandons plus de promesses. Nous demandons simplement que cette mesure soit dotée du budget qu’elle mérite, dès maintenant et ce d’autant plus que désormais votre ministère est rattaché à celui de l’Éducation nationale.

Pour conclure mes chers collègues, les écologistes appellent à une politique globale en faveur du sport pour toutes et tous. Une politique qui soutient ses acteurs financièrement et qui ne jette pas la suspicion sur les milliers de bénévoles qui anime le sport populaire pratiqué par des milliers de Françaises et français. Redonnons leurs des libertés, des marges de manœuvre sans jeter sur eux des suspicions de je-ne-sais quel séparatisme. 

Une politique pour toutes et tous, inclusive, dès le plus jeune âge et dotée d’un budget réel, pour accompagner les changements profonds de notre société.

Je vous remercie.

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