Madame/Monsieur la/le président-e,
Madame la ministre,
Monsieur le rapporteur,
Mes chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui LE texte du quinquennat qui a pour ambition de réformer le monde du sport.
Après une si longue attente, nous aurions aimé un texte ambitieux et transversal, qui redynamise la pratique de l’activité physique et permet l’avènement d’une société sportive ouverte.
En un mot : un texte permettant de démocratiser le sport en France.
La situation des clubs de l’élite comme des clubs amateurs avec les deux années que nous avons traversées, nous en ont démontré le besoin urgent.
Mais à la lecture de cette proposition de loi, nous sommes relativement déçus.
Comme beaucoup de textes de cette fin de mandat, nous avons ici un catalogue de mesures, certes souvent utiles, voire même nécessaires, mais la vision d’ensemble, le nouveau souffle pour une France sportive ne sont pas au rendez-vous.
Il faut reconnaître des mesures qui, si elles ne sont pas révolutionnaires, méritent globalement d’être saluées.
Je pense ainsi :
- à l’accès des équipements sportifs des collèges et lycées pour les clubs, les étudiants et les associations
- ou encore à l’établissement de plans sportifs locaux qui permettront un meilleur accès à la pratique sportive en la démultipliant dans nos territoires.
Je pense également :
- aux mesures concernant l’honorabilité des instances dirigeantes des fédérations
- Au non cumul des mandats dans le temps des présidents des fédérations
- A l’instauration d’une plus grande parité
Même si ces deux dernières mesures ont été largement amoindries par la commission du Sénat mais nous y reviendrons.
Enfin, saluons la régulation du sport professionnel, avec la lutte contre les dérives des paris sportifs.
Un texte qui va donc dans le bon sens mais souvent limité, que notre commission a malheureusement encore restreint :
- Exit ainsi les référents sports des Établissements Sociaux et Médicaux Sociaux et des MDPH
- Exit le non cumul des mandats dans le temps
- Exit la parité intégrale d’ici à 18 mois
- Exit l’attribution de droits de diffusion aux chaînes en clair.
Tout n’est pas à jeter dans l’apport du Sénat jusqu’ici, mais force est de constater que sa contribution aux mesures phares du texte ne va clairement pas dans le bon sens.
Avec parfois les mêmes arguments qu’on entendait pour la parité en politique : pas trop vite, les institutions ne sont pas prêtes, on va décourager des vocations…
Nous examinons donc un texte limité et encore amoindri par le travail parlementaire. Disons-le clairement, nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux énoncés par l’intitulé de cette proposition de loi.
Et pourtant, des enjeux, il y en a.
Car parler du sport, c’est aussi parler de la société que nous voulons voir advenir.
Parler du sport, c’est parler de la manière dont on se comporte avec les autres, des valeurs que l’on partage, de sa santé et la manière dont on se déplace, dont on vit.
Parler du sport, c’est aussi parler de l’environnement dans lequel on le pratique, du partage de l’espace public et des équipements.
Parler du sport, c’est enfin parler de celles et ceux qui le font vivre, de leur condition de travail, de bénévolat et de la place de l’éducation dans ce processus.
Mais de tout cela, nous ne parlerons pas aujourd’hui.
Pas un mot pour répondre à la colère des professeurs d’EPS qui appellent à une revalorisation de leur statut et une autre approche du sport à l’école.
Mais surtout, SURTOUT, un grand vide, voire un grand déni, sur la pratique sportive de demain, dans un monde qui s’achemine à grande vitesse vers un climat à +2°C, +3°C, voire +4°C si on garde la trajectoire actuelle de l’inaction gouvernementale.
Cela peut vous paraître une lubie d’écologistes, mais cela nous concerne toutes et tous : on ne pratique pas le sport de la même manière quand il fait 20°C ou 35°C.
Comment organiser des matchs de football en extérieur quand il fait 40°C à l’ombre, alors que la pratique sportive est déconseillée au-dessus de 32°C ?
Et non, nous ne défendrons pas la solution qatari qui consiste à climatiser les stades.
Comment assurer l’avenir des sports d’hiver face à la fonte des glaces et à l’absence de neige à des altitudes de plus en plus hautes ?
Comment pérenniser la pratique du sport en intérieur alors que la majorité de nos gymnases ont été construits avant les années 90 et sont des passoires thermiques ?
Il n’y a là rien d’anecdotique, beaucoup de sportifs du quotidien ou de haut niveau nous appellent à une mobilisation globale sur ces sujets.
Nous proposerons toute une série d’amendements afin que la réduction des impacts environnementaux et la résilience face au dérèglement climatique soient inscrites au cœur de nos politiques sportives.
Parce qu’il n’y a pas de démocratisation sans inclusion, nous proposerons également le rétablissement des mesures du texte de l’Assemblée nationale allant dans le sens de l’égalité, de l’inclusivité et de l’émancipation par le sport.
Nous proposerons un certain nombre d’amendements, afin que les mesures répressives à l’encontre des supporters soient justes, proportionnées et correspondent aux travaux récents des différents acteurs.
Émancipation, égalité, futur soutenable, justice voilà les axes de travail que nous vous proposerons durant nos débats à venir.
Quant à notre vote final, il dépendra du sort qui sera réservé à nos amendements ainsi qu’à l’ambition que nous aurons – peut-être – réussi à insuffler à ce texte.
Je vous remercie.