Madame/Monsieur le/la Président-e,
Madame la Ministre,
Monsieur le Rapporteur,
Mes chers collègues,
Il y a quelques semaines nous passions deux longues soirées à débattre de la démocratisation du sport dans cet hémicycle.
Mais après l’échec de la commission mixte paritaire et le rétablissement de la plupart des mesures phares du texte à l’Assemblée nationale, c’est – quasiment – le même texte qui nous revient de l’Assemblée qu’en première lecture.
Aussi, mon analyse sur ce texte sera identique à celle que je portais lors de la première lecture.
Nous étudions ici un texte qui se voulait LE texte important du quinquennat sur le sport. Le texte qui devait démocratiser la pratique sportive et faire renouer les françaises et les français avec la pratique, après des mois de pandémie, faire entrer le sport français dans le XXIe siècle.
Je l’avais dit alors et je le répète aujourd’hui : le texte est encore timide.
Nous étions plusieurs, dans différents groupes, à faire ce constat de cette faiblesse. Pourtant lors de nos débats, les mêmes ici ont choisi tout au long des débats d’en affaiblir encore la portée.
Ce que nous étudions ici est un bouquet de mesures, dont certaines sont bienvenues et nécessaires.
Oui, saluons tout de même, les mesures phares du texte :
- La parité dans les instances des fédérations,
- Le non-cumul des mandats dans le temps des présidents des fédérations,
- L’honorabilité accrue des membres de ces mêmes instances.
Mais je pense aussi :
- Aux principes du sport plus inclusifs, avec une lutte renforcée contre l’homophobie ou les discriminations de genre.
- A une politique territoriale plus intégrée et plus proche de la réalité, avec la constitution de plans sportifs locaux et de référencement, par académie, des équipements sportifs.
Je me réjouis d’ailleurs à ce sujet que nos amendements adoptés en première lecture sur la prise en compte des lieux publics dans les recensements des équipements et sur le léger verdissement des plans sportifs locaux aient été conservés.
D’autres mesures enfin concernent
- l’accès des équipements sportifs des collèges et lycées pour les clubs, les étudiants et les associations,
- la mise en place de référents sports dans les MDPH et les Établissements et services Médicaux Sociaux,
La liste peut sembler importante en quantité, mais en qualité, très sérieusement, qui imagine une seule seconde que ces mesures augmenteront le nombre de licenciés ou de pratiquants ?
Qui imagine qu’elles permettront d’aider plus efficacement les clubs et associations durement frappées par la crise ?
Qui imagine qu’elles permettront de faire pénétrer le sport plus avant dans une société qui se sédentarise de plus en plus dangereusement ?
Personne.
Je l’ai dit en première lecture :
Parler du sport, c’est aussi parler de la société que nous voulons voir advenir.
Parler du sport, c’est parler de la manière dont on se comporte avec les autres, des valeurs que l’on partage, de sa santé et la manière dont on se déplace, dont on vit.
Parler du sport, c’est aussi parler de l’environnement dans lequel on le pratique, du partage de l’espace public et des équipements.
Parler du sport, c’est enfin parler de celles et ceux qui le font vivre, de leur condition de travail, de bénévolat et de la place de l’éducation dans ce processus.
Et aussi, surtout, grand absent de nos débats, parler du sport, c’est parler du climat.
Ce lien n’est pas anecdotique. On ne fait pas du sport de la même manière dans un climat à +2°C, +3°C, voire +4°C si on garde la trajectoire actuelle de l’inaction gouvernementale.
Ces scénarios signeraient de facto la fin de la pratique de nombreux sports de plein air et de nombreux sports d’hiver. Il n’y a qu’à regarder à quoi ressemblent les grands évènements sportifs internationaux qui se déroulent cette année.
Des JO de Pékin et ses pistes de ski 100% artificielles au milieu de montagnes arides aux stades climatisés de la future coupe du monde au Qatar : oui il est temps de repenser la pratique du sport et des grands événements dans le monde qui vient.
Voilà un enjeu de taille, celui de la résilience de nos activités sportives, dont – là encore – nous ne débattrons pas.
Au final, beaucoup de manques, beaucoup trop.
Mais quelques avancées bienvenues.
Nous, écologistes, nous aurions pu voter pour ce texte afin de les conserver et c’est pourquoi nous nous opposerons également à la question préalable soulevée par la droite sénatoriale.
Je vous remercie.