Crédits de la mission Sport, Jeunesse et Vie associative – Projet de loi de Finances 2023

Madame/Monsieur le/la Président-e,
Madame la Ministre / Mesdames les Ministres,
Messieurs les Rapporteurs,
Mes chers collègues,

Madame/Monsieur la/le Président-e, Madame la Ministre / Mesdames les ministres, Messieurs les rapporteurs, Mes chers collègues,

Nous débutons l’examen de la mission Sport Jeunesse et Vie Associative.

Sport Jeunesse Vie associative.

De toutes les missions du projet de loi de finances, celle-ci est la plus fourre-tout, celle qui a le moins de liant entre les sujets qu’elle traite et surtout, le moins de vision d’ensemble.

Ne nous y trompons pas, cette architecture budgétaire bancale n’a rien à voir avec le hasard. C’est une volonté politique claire et assumée d’empêcher l’émergence d’une réelle politique de l’Éducation populaire, qui pourrait conjuguer ces domaines pour une réelle politique d’émancipation.

Alors, disons-le clairement, ce n’est pas le chemin que prend cette mission. Le projet phare du volet Jeunesse en est le parfait exemple : le Service national universel.

Un dispositif extrêmement coûteux, 140 millions d’euros, un budget qui augmente année après année, même s’il ne remplit pas ses objectifs, sans évaluation sérieuse.

Un dispositif inutile construit sur une nostalgie surannée du service militaire.

Un dispositif au fumet autoritaire, pensé pour faire “rentrer la jeunesse dans le rang”, la faire obéir, la faire saluer au garde-à-vous des responsables civils. Dangereux mélange des genres.

Un dispositif dont la liste de scandales qui l’entoure ne cesse de s’allonger au fil des mois : malaises de jeunes laissés en plein soleil, brimades et punitions physiques collectives, désorganisation des convocations et même, atelier de menottage, en lien avec la police nationale. 

On est loin de l’émancipation, on est loin du moment collectif qui fédère, on est très loin d’une politique de jeunesse que mérite notre pays.

Pour la deuxième année consécutive, le budget du SNU dépasse celui accordé à l’éducation populaire et c’est un signal terrible envoyé à la jeunesse.

Alors parlons vie associative, maintenant. 52 millions d’euros seulement y sont mobilisés, mais de nombreux crédits sont ventilés dans d’autres missions. Profitons de cette discussion budgétaire pour relayer les craintes du Mouvement associatif. Ces craintes d’une mise au pas des associations les plus militantes s’étaient exprimées au moment de l’étude de la loi séparatisme. Ces craintes se sont concrétisées récemment par la volonté d’utiliser ce contrat d’engagement républicain pour attaquer la liberté associative et priver une association écologiste de ses subventions. Je veux dire ici mon soutien aux libertés associatives et vous appelle à revenir sur ce dispositif dangereux.

Le troisième volet de la mission maintenant, le sport, qui rappelons le, est aussi politique.

On retrouve 100 millions pour le Pass’sport, une aide à la prise de licence bienvenue, qui nécessiterait une réelle montée en puissance.

On retrouve une augmentation de la dotation à l’ANS, mais en trompe l’œil, puisque cette hausse s’explique par la compensation de la baisse du rendement de la taxe Buffet. 

Et il y a eu l’année dernière les 200 millions d’euros bienvenus, débloqués pour les équipements sportifs de proximité et c’est une bonne chose, un bon début, quand on connaît le nombre et l’état de ces équipements il y a un énorme travail, un besoin d’investissement colossal pour adapter et rénover nos stades et gymnases. Les annonces sur la mobilisation du fond vert devraient nous rassurer, mais comme tous les ministres semblent vouloir se servir dans ce fond, nous sommes très dubitatifs sur les montants qui seront mobilisés.

J’ai été surpris, mais pas vraiment étonné tant c’est le cas dans toutes les missions budgétaires, de l’absence du mot climat dans la présentation de votre budget. 

J’ai compris pourquoi lorsque je vous ai entendu parler de la participation de la ministre des sports à la coupe du monde au Qatar, et donc de la caution apportée par votre présence cette aberration pour ne pas dire bombe climatique. Faisant ici preuve du même déni que ses collègues au gouvernement.

Pourtant, le changement climatique va avoir des conséquences dramatiques sur les pratiques sportives, sur les stations de ski, les installations en littoral, sur la pratique extérieure du sport en plein été. De tout cela, il n’est pas prévu d’en débattre aujourd’hui à la lecture de ce budget et c’est pourquoi nous aborderons le sujet par voie d’amendement.

Enfin, un dernier sujet et pas des moindres tant il constitue quasiment l’horizon unique de la politique sportive française des prochaines années : les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Le budget poursuit une trajectoire financière qui, comme prévu, commence à déraper, mais tout ceci était prévu de longue date.

En revanche, je dois me faire ici l’écho des inquiétudes relatives à l’annulation possible des festivals en 2024 qui plongent dans l’insécurité de nombreuses entreprises culturelles qui peinent à relever la tête après le Covid. Le risque d’opposer sport et culture est grand, et la fête des Jeux Olympiques ne doit pas être gâchée par une saison de festivals annulée de plus. Il est nécessaire donc de bien dimensionner la mobilisation de nos forces de sécurité pour que la saison culturelle et les jeux olympiques puissent se dérouler en harmonie.

En conclusion,  Concernant le sport, nous constatons la faiblesse des ambitions climatiques, Concernant la jeunesse, nous refusons la mise au pas annoncée, Concernant la vie associative, nous déplorons le manque de visibilité et les attaques aux libertés. C’est pourquoi nous nous abstiendrons sur les crédits de cette mission.

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