Restitution des biens culturels au Bénin et au Sénégal – 2ème lecture

Madame/Monsieur le/la Président-e,
Monsieur/Madame le/la Ministre,
Madame la Rapporteure,
Mes chers collègues,

Nous examinons pour la deuxième fois ce projet de loi visant à restituer au Bénin et au Sénégal plusieurs œuvres de leur patrimoine culturel appartenant aux collections publiques françaises. Des bien acquis dans une période sombre de notre histoire, qu’il nous faut aujourd’hui regarder avec lucidité.

J’aurai l’occasion, en explication de vote sur la motion préalable déposée par la commission, d’exposer la vision des écologistes sur ce qu’il s’est passé durant la navette parlementaire et ce que celle-ci elle nous dit d’une certaine vision des restitutions que nous ne partageons pas. Mais maintenant, je voudrais me concentrer sur le fond du sujet.

Rendre le trésor de Béhanzin et le sabre avec fourreau dit d’Omar Tall à leurs pays d’origine est un geste fort pour la coopération culturelle. Plus qu’un symbole, c’est un acte concret qui affirme que notre pays sait reconnaitre ses torts et œuvre pour les réparer, dans un esprit d’amitié. Cela doit être salué.

Mais ces 27 objets ne sont que la partie émergée de l’Iceberg. D’autres pays ont fait des demandes officielles auprès de la France, pour récupérer leur patrimoine. Côte d’Ivoire, Ethiopie, Tchad, Mali, Madagascar : au total, ces cinq pays réclament le retour de 13 246 biens appartenant aux collections publiques françaises. Et rien n’indique que le mouvement s’arrêtera, bien au contraire.

Les écologistes sont favorables aux restitutions, à toutes les restitutions, dès lors que les bien ont été mal acquis par notre pays. Ce projet de loi que nous examinons aujourd’hui est une contribution, modeste certes, mais significative, de ce vaste mouvement de fond qui parcourt notre paysage culturel.

La fin d’une époque. Celle ou l’on considérait le continent noir comme un terrain de jeu ou l’on pouvait voler, piller, se servir à loisir pour enrichir encore davantage nos nations européennes. Une ère peu glorieuse de notre histoire où l’homme africain n’avait pas voix au chapitre – même si encore récemment, certains considèrent qu’il n’est pas rentré dans l’histoire. Mais aujourd’hui, les idées changent, les pratiques aussi et il faut s’en féliciter.

Ce mouvement de restitution n’est d’ailleurs pas circonscrit aux collections publiques, puisque, comme le souligne le rapport Sarr Savoy sur la restitution du patrimoine africain, les collectionneurs privés s’engagent de manière discrète et efficace en restituant des centaines d’œuvres leur appartenant.

Ce mouvement de fond, encore une fois selon le rapport Sarr Savoy, nous porte vers ce que les deux historiens appellent une nouvelle éthique relationnelle. Felwine Sarr et Bénédicte Savoy nous disent : « Les objets, devenus des diasporas, sont les médiateurs d’une relation qui doit être réinventée. […] Il s’agit, bien évidemment, de réactiver une mémoire occultée et de restituer au patrimoine ses fonctions signifiantes, intégratives, dynamisantes et médiatrices dans les sociétés africaines contemporaines. Mais il s’agit également, en se réappropriant ses objets, d’en redevenir les gardiens pour la communauté humaine. »

Le voilà le vrai message, le vrai idéal. Celui de la reconnaissance de la multiplicité de la création, de l’égalité dans la diversité des formes culturelles. 

Rendre à l’autre pour s’enrichir tous.

Ce projet de loi apporte sa petite pierre à ce grand édifice et le groupe écologiste – solidarité et territoires votera pour, sans réserve.

Tags: