Madame la ministre,
Les français danseront-ils cet été ? La reprise des festivals est une vraie bouffée d’air frais pour beaucoup – la joie de celles et ceux qui ont pu assister à l’ouverture des Nuits de Fourvière hier à Lyon en témoigne. Mais la musique ne s’écoute pas uniquement assis bien sagement.
Que ce soient les festivals debout de musiques actuelles ou les clubs : tout un pan de la culture est encore à l’arrêt. La question n’est ici pas celle des aides, mais bien celle de la reprise.
Pour les clubs ou discothèques, qui sont souvent des établissements à vocation culturelle, depuis plus d’un an, à chaque déconfinement, à chaque allègement des contraintes sanitaires, c’est la même déception, les mêmes frustrations : pas maintenant, plus tard, soyez patients.
Pour les festivals ou concerts debout, le 1er juillet aurait dû être la date d’une reprise mais les règles sont encore floues avec cette jauge d’1 festivalier pour 4m2 et l’appréciation laissée au Préfet. Ce qui a contraint de nombreux festivals à annuler pour la seconde année consécutive.
Madame la ministre, le monde de la culture électronique et des musiques actuelles a été patient et inventif. Par exemple, le festival Nuit Sonores a su se réinventer avec un festival assis.
Mais au moment où partout en France, les terrasses se remplissent, les françaises et les français sortent de chez eux : partout cette même aspiration à la fête, à se retrouver, à la danse, à la musique, à déconfiner le corps et l’esprit. Rappelons que cette culture des musiques électroniques est née dans la clandestinité, n’a jamais attendu aucune reconnaissance de l’Etat et sait s’organiser. Nous avons déjà eu l’occasion de le constater ces derniers temps avec les raves et des soirées spontanées qui ont rassemblé parfois des centaines de jeunes danseurs.
Laisser le monde de la nuit, des musiques actuelles ou électroniques se diriger vers la clandestinité risque de donner lieu à un été de répression. Par votre passivité, vous risquez de criminaliser un pan entier de notre culture et de notre jeunesse.
Le 5 mai dernier, le parlement allemand a reconnu des clubs comme des lieux de culture et pour eux cela change tout. Reconnaissance d’un rôle évident dans la création artistique, relation privilégiée avec l’Etat, changement de regard du public : les conséquences positives de cette décision enrichissent tout le secteur.
Madame la ministre, :
- Le protocole qui indique une personne pour 4m2 lors des concerts debout a laissé un peu tout le monde pantois. Lors de votre dernier passage ici en commission culture pour évoquer la reprise vous nous avez annoncé que vous “teniez encore des réunions sur ce sujet” avez-vous avancé sur cette question ? Comment se décline-t-elle ? Le concert test de samedi vous a-t-il permis d’affiner cette règle ?
- Et envisagez-vous d’accorder le statut de lieu culturel, afin de ne pas les laisser entre les mains tantôt de Beauvau, tantôt de Bercy et leur ouvrir la reconnaissance et le soutien de l’Etat ?
Je vous remercie.