Madame la ministre, Mes chers collègues,
Les GAFAM ont non seulement pris une position économique dominante mais ils ont aussi pris une place majeure dans nos vies avec des atteintes souvent répétées et parfois illégales contre notre vie privée. Par le rôle qu’ils jouent dans notre rapport au monde, aux idées, à la réalité, ils nous mettent face à un défi démocratique majeur.
Grâce aux quantités astronomiques de données traitées, ces entreprises et les services qu’elles proposent mettent en relation leurs utilisateurs avec des contenus qu’elles sont les seuls à trier et ordonner. Ces opérations, réalisées grâce à leurs algorithmes, sont réalisées afin de répondre aux attentes supposées des utilisateurs. Or, toute création de filtre dans l’information, de norme, de règle est – par essence – un processus politique, et comporte des biais énormes.
Chacun peut le constater, au lieu de favoriser le débat, l’échange et l’enrichissement mutuel, le traitement et la mise à disposition de l’information par les GAFAM favorise la segmentation et la radicalisation des blocs d’opinions. Depuis un an, les fausses informations et les thèses les plus dangereuses pour notre santé publique se sont diffusées de façon dramatique à un rythme effréné. La question du fonctionnement et de la transparence des algorithmes qui enferment les utilisateurs devient une urgence démocratique absolue.
Lors d’un débat sur la haine en ligne en novembre 2020, j’interrogeais le gouvernement sur la réponse politique à avoir face aux plateformes. Le secrétaire d’Etat Cédric O m’avait alors répondu qu’il ne savait pas comment les algorithmes mettaient en avant certains types de contenus et que, même si les plateformes le lui disaient, il n’aurait aucun moyen de contrôler la véracité de leurs déclarations.
Cet incroyable aveu de faiblesse constitue le cœur du problème. L’absence de contrôle démocratique face aux pouvoirs démesurés de ces entreprises. Le renoncement des gouvernements occidentaux face aux stratégies d’influence des GAFAM. La passivité invraisemblable du monde occidental face à ce secteur devenu gigantesque qui surveille, contrôle et régente de plus en plus les espaces de débats politiques de nos sociétés.
Madame la ministre, il n’est pas possible de se résoudre à l’impuissance. Il n’est pas non plus possible de se défausser uniquement sur les discussions à venir du Digital service act européen pour justifier de votre inaction. Il est temps de demander un droit de regard démocratique sur les algorithmes. Non pas pour censurer mais pour s’assurer de la transparence et de la pluralité du débat. Il est temps d’ouvrir les boîtes noires. La préservation du secret industriel ne peut pas tout justifier. Il en va de la survie de nos modèles démocratiques.
Quelle démarche le gouvernement compte engager pour s’assurer de la transparence démocratique des algorithmes des grandes plateformes numériques ?